Interview

Nestor, le jeu conçu et développé par Samantha Noyon

Par Loïc Marteau, publié le 30 juillet 2022
Mis à jour le 24 mars 2023, à 15h10
Samantha Noyon anime la formation «Brand content : concevoir et challenger vos stratégies de contenu» chez Swash. Elle nous parle ici de Nestor, le jeu qu’elle a créé et, plus largement, de ludopédagogie.
Hello Samantha et merci d’avoir accepté notre invitation. Peux-tu te présenter ?

Je suis diplômée en communication et j’ai d’abord exercé en tant que chef de projet dans différentes agences. Très vite, j’ai mené en parallèle une activité d’enseignement : d’abord maître de conférences à l’école de Condé puis intervenante dans différents organismes où j’ai formé des centaines de professionnels sur le brand content, l’inbound marketing ou le social media. 
Je suis par ailleurs une passionnée de jeu et de ludopédagogie.

Tu as créé « Nestor – Le jeu ». Peux-tu nous en dire plus ?

Nestor est un outil d’idéation qui se présente sous la forme d’un jeu de cartes. Il est composé de 5 familles de cartes (format, focus, challenges, visuels, objectifs) et je l’ai imaginé comme un outil de travail qui aide à générer de nouvelles idées pour nourrir ses stratégies de contenu. 

Quelle est la genèse de ce jeu ?

Tout est parti, il y a maintenant 4-5 ans, d’un client que j’accompagnais sur sa stratégie de contenu. Pendant la phase de recherche, je me suis dit que ce serait génial d’avoir un outil pour faciliter l’organisation de brainstorming : la première graine était semée. 
Assez rapidement, j’ai eu l’idée d’un jeu de cartes qui fonctionnerait par association d’idées et par combinaison : le concept était né. 
J’ai d’abord conçu une première version en mode « Do it yourself » et j’ai invité des amis, professionnels de la communication et du marketing, pour une première mise en situation. Je l’ai ensuite testé avec un réseau de développeurs que j’accompagnais, puis avec des profils multiples avant de l’utiliser avec mes clients. 

Comment utilises-tu Nestor pendant la formation « Brand content : concevoir et challenger vos stratégies de contenus » que tu animes pour Swash ?

Il nous accompagne tout au long de la formation.
Un premier atelier nous permet de travailler la notion d’ADN de marque et la manière de le valoriser. Dans ce cas, on va surtout utiliser les cartes focus (parle-t-on de nos succès, de nos forces ? Évoque-t-on nos difficultés, notre challenge, l’histoire de notre fondateur, les talents qui travaillent pour nous ?) et les cartes format (quels sont les formats de contenus qui cartonnent / qui sont adaptés à notre stratégie ?)

Un autre atelier permet d’interroger des concepts existants. Par exemple, si on a l’habitude d’utiliser des livres blancs, on va chercher comment leur donner une autre dimension (via de l’interactivité ou du storytelling) grâce aux cartes challenges.
Dans le dernier atelier, on va utiliser toutes les cartes du jeu pour structurer une stratégie basée sur un cas pratique.

Certains formateurs considèrent que la ludopédagogie n’est pas adaptée à certaines formations. Qu’en penses-tu ?

On dit souvent que plus le sujet est ardu et technique, plus la ludopédagogie est pertinente. La ludopédagogie ne sert pas à divertir les apprenants. C’est un mode d’apprentissage qui permet d’expérimenter des choses en étant en sécurité puisque l’univers du jeu est fictif et nos actions n’y ont pas de conséquences réelles. J’ai vu des jeux extrêmement intéressants dans des domaines scientifiques, mathématiques ou encore dans l’agriculture mais il est évident que, comme tous les moyens à disposition du formateur, la ludopédagogie doit être utilisée avec raison et modération.

En formation, comment le jeu est-il accueilli par les apprenants ? Ça les surprend, ça les amuse, ça les dérange ?

Le jeu est de plus en plus utilisé en formation. Et je constate une évolution de la perception depuis des années que je l’utilise. Ce qu’il faut savoir c’est que je ne dis pas «on va faire un jeu»,  je dis «on va utiliser un outil sous forme d’un jeu de cartes qui va nous permettre de». Quand on utilise la ludopédagogie,  c’est très important que l’apprenant comprenne l’utilité de l’activité demandée. Certes, c’est sous forme de jeu, mais il y a derrière un objectif pédagogique très clair. Cela permet déjà de lever les premières réticences – du type «je ne suis pas venu pour jouer» – qu’il pourrait y avoir . À ceci je réponds «je ne vais pas te faire jouer, mais te faire travailler. Il se trouve que je vais passer par un jeu pour y arriver».
Je constate également que cette perception du jeu tient aussi beaucoup à ce qu’on injecte en tant que formateur-facilitateur : la façon dont on l’amène, l’humour que l’on met, la façon dont on inclut tous les participants. Mais en toute honnêteté, je ne crois pas me rappeler avoir eu une quelconque difficulté à utiliser Nestor, ou un autre jeu, en formation !
Enfin, et c’est primordial, le jeu doit toujours être au service des objectifs pédagogiques. C’est clair pour le formateur et il faut que ça le soit aussi pour l’apprenant. 

Aurais-tu un retour d’expérience à partager ?

Oui, bien sûr ! Je me souviens par exemple d’un client qui créait des poignées de porte pour du B to B et il avait des difficultés pour renouveler ses contenus. Grâce à Nestor, et au groupe d’apprenants, nous avons ressorti rapidement une trentaine d’idées puis nous nous sommes focalisés sur 3-4 d’entre elles pour voir comment elles étaient exploitables. À la fin de l’atelier, il m’a dit qu’il ne pensait pas pouvoir prendre la parole sur autant de sujets et il était ravi du nombre d’opportunités qui s’offraient à lui. Après, évidemment, la suite lui appartenait et c’était à lui de voir quels axes il pourrait développer selon son temps et ses ressources.

Comme beaucoup d’intervenants, tu animes maintenant de nombreuses formations 100% distancielles. Quelles applications aimes-tu utiliser ?

J’apprécie particulièrement Genially et Wooclap. Les deux me semblent complémentaires : Genially est très immersif et Wooclap a une simplicité d’utilisation redoutable. 
J’aime bien également LearningApps qui a l’avantage d’être totalement gratuite. Il y en a bien sûr plein d’autres, mais ce sont mes trois applications préférées !

As-tu un autre jeu en projet ?

J’ai en effet plusieurs jeux qui sont en projet dont un, déjà bien avancé, qui est à destination des formateurs que j’accompagne. De la création du déroulé pédagogique jusqu’à l’évaluation en passant par la mise en pratique, c’est un jeu qui permettra aux formateurs de challenger leurs activités et les moyens utilisés. J’espère pouvoir vous en dire plus très vite et le tester bientôt avec tous les intervenants Swash !

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