Les tendances du graphisme par Caroline Bouige
C’est un média indépendant qui traite du design graphique. Historiquement mensuel, c’est aujourd’hui un bimestriel de 180 pages qui s’ouvre à de nombreuses disciplines : la 3D, le design immersif, le digital, la scénographie… champs que nous relions à travers le prisme du design graphique. Via les réseaux sociaux, nous fédérons aujourd’hui une des plus importantes communautés de créatifs en France. Notre lectorat est constitué de graphistes bien sûr mais aussi de designers, d’architectes, de communicants et d’étudiants.
C’est très compliqué de répondre simplement à cette question. J’ai animé récemment une conférence sur ce sujet et j’ai pris le parti de distinguer les tendances de fond et les tendances que j’appelle superficielles ou éphémères.
Parmi les tendances superficielles, on peut parler des inktrap, des polices monochasse ou encore du style Art nouveau qui est partout. Concernant les tendances de fond, il est difficile d’ignorer la vague de l’illustration qui, longtemps cantonnée au monde de l’enfance ou de la jeunesse, est aujourd’hui omniprésente.
Je suis également avec beaucoup d’attention toutes les possibilités offertes par le design immersif car il permet de vivre des expériences globales, de faire appel à tous nos sens. Que ce soit dans le retail, l’événementiel ou encore dans le monde médical, je crois que le design immersif va profondément modifier la façon de penser, et de faire, des designers. Enfin, il est impossible de ne pas évoquer les préoccupations liées à l’écologie.
Déjà, ils n’ont pas le choix ! Ils doivent s’emparer du sujet. Pour les créatifs qui font du print, ils s’inscrivent dans une chaîne où tous les acteurs, du papetier à l’imprimeur, doivent respecter, et c’est heureux, des normes européennes toujours plus exigeantes. C’est en même temps très paradoxal car, si nous prenons l’exemple d’un produit imprimé, la qualité du graphisme sert le support ou le produit et il va donc sûrement entraîner de la réimpression. C’est pareil dans le digital car plus un site va être consulté et plus les ressources serveur vont être sollicitées et c’est donc l’empreinte carbone qui s’accroît.
Lorsque je suis arrivée chez étapes:, mon rédacteur en chef, Étienne Hervy, répétait toujours « on ne dit pas créatif, on dit graphiste ou designer ! ». En fait, tout le monde peut être créatif ou créateur dans son travail. De nombreux artisans sont, par exemple, créatifs et créateurs… Pour moi le créatif est une personne qui a un potentiel créatif. Un créateur c’est quelqu’un qui crée. Je dirai donc ni l’un ni l’autre. C’est un langage qui est finalement plus utilisé en agence parce qu’il faut de la « création ».
Je pense que malheureusement on ne peut pas y faire grand-chose car ça se joue beaucoup sur l’humain. L’écoute, le respect, l’honnêteté, la clarté de propos sont essentiels. En plus de l’expérience, savoir rebondir et chercher des solutions ailleurs, ne jamais laisser tomber le client sont des choses qui s’apprennent et qui font la différence. Ces compétences sont nécessaires dans le fonctionnement d’un studio de design graphique et elles ne sont malheureusement pas souvent enseignées dans les écoles d’art. Dans les studios de taille intermédiaire, on rencontre d’ailleurs de plus en plus de « studio managers » qui accompagnent les clients. Ce qui permet aux graphistes de se concentrer sur le travail de création.
En parallèle, chez les clients, les personnes en charge de la commande graphique ont des profils très com / marketing et se pose donc la question de leur légitimité à challenger le travail des graphistes. Quand on apporte une vision par un autre prisme, comme le design graphique avec des signes, des symboles et des signifiances, ça peut être déstabilisant. La solution passe toujours par la pédagogie et un nécessaire intérêt mutuel. Si le territoire de mon client ne m’intéresse pas, il est assez évident que les propositions ne seront pas à la hauteur des attentes. C’est l’éternelle question du luxe de choisir ses clients… évidemment impossible pour beaucoup.
Vaste sujet car ça dépend déjà d’où ils en sont… Ceux qui sont bien dans ce qu’ils font et qui s’éclatent, il faut juste continuer ! Après, je pense qu’un graphiste, même s’il évolue dans un milieu idéal, se lasse après 10 ou 15 ans. Il ne doit pas hésiter à aller chercher d’autres techniques, d’autres typologies de clients, d’autres savoirs et parfois même sortir du design graphique pour se ressourcer. Graphiste c’est un métier assez extraordinaire où on a une vision de la société, une compréhension particulière du monde extérieur. Si j’avais un seul conseil à donner, ce serait de continuer à s’émerveiller de chaque chose que l’on voit. Comme il y a des gens qui continuent à s’émerveiller des mots, je pense que les graphistes doivent faire de même vis-à-vis de l’image ou du signe sous toutes ses formes.
Retrouvez l’intégralité de l’interview sur notre chaîne YouTube :
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